Banlieues : "les artistes avaient tiré la sonnette d'alarme"
Les émeutes ont cessé dans les banlieues françaises. Mais les médias américains continuent de s’intéresser au phénomène, et trouvent dans le rap des explications à la colère des jeunes de ces quartiers.
Le Washington Post a publié cette semaine un long reportage sur les rappeurs de Marseille : "le rap est l’hymne brûlant des jeunes non-blancs en colère depuis plus de 15 ans. Les paroles décrivent généralement un paysage de désolation, un manque d’espoir et une vie criminelle, mais véhiculent aussi un mépris féroce envers les officiels de Paris." Le journal publie de larges extraits des textes des groupes 113 et NTM.
Le rap français était également présent hier sur CNN. La présentatrice interrogeait en direct le correspondant de la chaîne à Paris : "je n’avais jamais réalisé que le hip hop était parvenu en France depuis les Etats-Unis, et était devenu un vrai moyen d’expression pour ceux dans les banlieues." Le correspondant explique que la langue française se prête bien au "genre de rimes que fait le rap," et cite les paroles d’un titre du rappeur Monsieur R, en édulcorant largement la traduction en anglais, "La France est une garce, n'oublie pas de la baiser jusqu'à l'épuiser, comme une salope il faut la traiter mec ! / Moi, je pisse sur Napoléon et sur le général de Gaulle."
Le New York Times Magazine s’intéresse, quant à lui, à l'architecture des cités et au mot français « banlieue », désormais connu par bon nombre d’américains. "Soudainement, le mot banlieue a été adopté par des gens peu réputés pour pimenter leurs conversations avec des mots français – ceux qui interviennent dans les talk show conservateurs, par exemple. Evidemment, ils veulent insister sur la différence entre ces banlieues (les voitures qui brûlent et le hip hop), et les nôtres [les 'suburbs' aux Etats-Unis] (balançoires et barbecues)."
Enfin, la section Arts du New York Times revient sur le film de Mathieu Kassovitz La Haine, sorti en 1995. "Ceux qui ont vu ce film n’ont pas de raison d’être surpris par les violences de cet automne," écrit le journal. "A l’époque, la description d’une banlieue immigrante bouillonnante, et même le choix du titre, semblaient choquants et exagérés. Aujourd’hui, le film pourrait presque passer pour un documentaire." Le New York Times commente aussi les accusations de certains hommes politiques contre les groupes de rap qui inciteraient à la violence : "tirer sur les messagers n’est peut-être pas la solution la plus efficace."
Retrouvez ici tous les articles sur les banlieues françaises vues par les médias américains.